"Loisel, à l'ombre de Peter Pan" - carnet de bord
par Christelle Pissavy-Yvernault

Jeudi 13 juillet

Pardonnez-moi si c’est avec un léger décalage que je vous annonce que j’ai FINI d’écrire mes textes.

Ca c’est terminé pour moi lundi soir, aux alentours de 21 heures. Gibrat et Dubois m’ayant donné oralement les quelques corrections à apporter sur leurs textes, je m’y suis collée le soir. En quelques minutes, c’était bouclé. Je mettais fin à 7 mois de travail intense, sept mois de bonheur. Il paraît que la traversée de l’Atlantique à la rame n’est rien à côté de ce que je viens de faire. Euh… je préfère ne pas savoir.

On imagine toujours une fin en fanfare, mais une fois fermé le dernier dossier corrigé, aucun tonnerre n’a grondé sur ma maison, aucune fée n’est apparue. Sachant que mon webmaster préféré ne pourrait pas relayer mon carnet de bord avant quelques jours, j’ai différé sa rédaction, profitant de cette soirée libre pour regarder les derniers épisodes de Six pieds sous terre, saison 1. Enfin, avant cela, je n’ai tout de même pas pu m’empêcher de crier sur tous les toits ce grand événement, via Internet, naturellement. Quelques uns d’entre vous ont donc reçu un tonitruant message…

D’ailleurs, sachez que si vous pouvez me lire, c’est parce que même en vacances à l’autre bout de la terre, Jean-Louis reste disponible pour mettre en ligne les miennes ( je veux parler des lignes ). Mention spéciale pour lui, donc.

Mardi, je suis donc allé chez Vents d’ouest, valider le travail de Jean-Yves, le maquettiste. Quel bonheur de travailler avec un professionnel qui, d’emblée, vous sort un travail conforme à votre attente. Bien sûr, il y a eu quelques retouches, c’est obligatoire, mais en dehors de ça, il a vraiment fait un excellent travail. Pour ce que je peux en juger en tout cas. Je suis ravie, vraiment. Il a eu quelques initiatives - notamment pour ce qui était de jouer encore davantage entre les documents et le texte - qui sont formidables. Notamment dans le second chapitre ; lorsqu’avec Régis nous évoquons Rose, que je trouve dégoulinante de mièvrerie, il a mis en regard de ces propos les cases exactes qui suscitent en moi la nausée… mais, le petit plus façon Jean-Yves, c’est d’avoir mis juste au-dessus de ces cases un crayonné de Clochette où elle a l’air elle-même affligée… Voilà, ce genre de trouvailles qui contribueront à faire la différence, c’est à Jean-Yves qu’on les devra. D’où l’importance de bien choisir son maquettiste. Je vais essayer de vous transmettre quelques doubles pages, pour vous donner une idée. Je les trouve très aérées, malgré l’imposante iconographie. Je peux même me laisser aller à penser que c’est une maquette qui a de l’allure, dans le genre de celles éditées chez Niffle.

La transition est parfaite pour vous annoncer une mauvaise nouvelle… D’ailleurs, je ne m’en remets pas non plus moi-même. C’est à propos du prix du livre… Je voulais réellement que mon ouvrage ne soit pas plus cher qu’une trentaine d’euros. Hélas, le budget est littéralement explosé… Le prix n’est pas encore défini et ne le sera que lorsque tous les coûts de fabrication seront fait. Mais sachez d’ores et déjà qu’il sera difficile de faire moins cher que le livre sur « la quête », soit 39 euros. Pourquoi ? Non, ce n’est pas parce que je suis gourmande ( même si l’éditeur m’a payée ce que je lui avais demandé, ça ne suffit pas pour autant pour vivre pendant sept mois. Disons seulement pendant trois mois sans savoir de gros besoins et en vivant seul…). Le prix du livre est fonction de son coût de fabrication, lequel est forcément élevé dès qu’on l’illustre. La photogravure et les scans des documents est une partie extrêmement lourde du budget. Il faut ajouter à cela le nombre de pages… Voilà. Je suis sincèrement désolée. Pour moi, cela ne change rien au niveau de mes droits car même si je touche un pourcentage sur les ventes, un livre cher se vendra forcément moins bien qu’un livre abordable. Pour ceux dont le budget est réduit, j’espère que le Père Noël sera compréhensif….  En fait, la seule consolation que j’ai est de savoir que j’ai vraiment mis tout en œuvre pour que ce soit un bon et beau livre, vu qu’à ce prix là, c’est quand même la moindre des choses. Comme me dit souvent Bertrand, ça ne coûte pas plus cher de bien faire les choses, alors pourquoi faire les choses au rabais ? Une bonne idée ne coute que de l’énergie, ça ne se monnaye pas. J’espère, et je le crois cependant, que vous en aurez pour votre argent.
300 pages. Grand format.

Je vais essayer de négocier avec Vents d’ouest une couverture souple pour alléger le poids de l’objet. Il m’est arrivé d’avoir en main des livres si lourds qu’au bout d’une heure de lecture, j’en avais mal aux poignets.  Sachant que vous aurez besoin de quelques heures pour lire mon livre, je voudrais vous éviter cela autant que possible.

Je n’ai toujours pas réuni tous mes hommages. Il semblerait que quelques auteurs peu sérieux m’aient définitivement plantée. Je déteste cet état d’esprit. Heureusement, ma copine Eve a réussi à obtenir de quelques illustrateurs pour enfants très prestigieux leur accord pour rejoindre la bande. Je suis curieuse de découvrir leur travail, tellement je sais qu’ils sont capables de merveilles. Je vous raconterai.

Même si j’ai terminé la rédaction de mes textes, ce carnet de bord n’est pas clos. Tant que la maquette n’est pas terminée, le livre ne l’est pas non plus. J’ai un prochain rendez-vous mercredi prochain avec Jean-Yves et Christian. Le premier va me montrer les corrections qu’il a apportées au second chapitre et le troisième chapitre – le plus long – sur lequel il n’avait encore rien fait. Quant à Christian, je dois finir avec lui la couverture, puis maquetter les pages de garde, pages titres, intro et épilogue, etc… Toutes ces petites pages annexes qui enveloppent un livre.

Sachez également que Loisel a fini par mettre la main sur tous les documents qu’il me manquait. Il a du craindre qu’en représailles à toutes les angoisses dans lesquelles il m’a mise, je mette mes menaces à exécution et lui tranche la gorge ou, pire encore, que je le scalpe et défile avec sa tignasse plantée sur ma lance ! Du coup, il a même retrouvé une photocopie couleur de son dessin en hommage à Will que je cherchais ardemment. Le reste, scanné sur un CD, était tout simplement chez Mosquito qui, lui aussi, je vous le rappelle, prépare un second tome à sa monographie parue en 95. Alors que moi je me cantonne à Peter Pan, avec lui vous découvrirez tout ce que Loisel a fait depuis 1995, justement. Je me souviens avoir lu avec beaucoup d’intérêt le premier tome de cet ouvrage et je trouvais qu’on y retrouvait Loisel de manière assez fidèle. Avec Mosquito, nous devons donc nous partager les documents relatifs à Peter Pan figurant sur ce CD. L’idée étant de ne pas faire de doublon pour que chacun des ouvrages conserve son intérêt.

En revanche, toujours pas de nouvelles de la fameuse planche où Crochet apparaît avec ses deux mains…
Voilà. Je vais profiter du temps qu’il me reste avant que mes galapiats ne se réveillent de leur sieste pour relancer les dessinateurs retardataires. Pour la dernière fois. Je ne vais pas leur courir après non plus. Si pour eux le temps n’existe pas, pour moi c’est une réalité.

Vous savez quoi, je suis heureuse de retrouver du temps, d’en avoir un peu plus pour faire autre chose. Ces derniers mois étaient passionnants mais terriblement épuisants. Je vais à nouveau pouvoir me distraire le soir, et me reposer pendant les deux heures de sieste.

La semaine dernière, j’ai repris mon travail, comme je vous l’avais annoncé. J’avais vraiment l’impression de ne pas être là où je le devais. Toute la journée, j’ai continué à être dedans ( mon livre ), à penser à téléphoner à untel ou untel… On ne décroche pas aussi facilement.

Question lecture, je n’ai toujours pas réussi à me plonger dans un autre univers. Je suis là encore trop dedans pour le faire,. Je n’en ai même pas vraiment envie. J’en discutais avec Loisel qui me disait d’embrayer sur la lecture des Piliers de la terre, de Ken Follett, livre remarquable selon lui. Je vais sans doute le faire. S’il lui a plu autant que ça, je devrais y retrouver un peu de son univers et aborder une transition en douceur. En fait, non je vous mens. J’ai tout de même lu un livre depuis samedi. Son titre, j’ose à peine vous le dire : « Quand les pipis font de la résistance ». Oui, vous l’avez deviné, il s’agit d’un livre sur l’apprentissage de la propreté aux enfants. Compte tenu que c’est un sujet d’actualité à la maison, technique qui plus est, je n’ai aucun problème pour me plonger dedans. Comme quoi, on peut écrire des bouquins intimistes sur des auteurs magnifiques, et être tout de même soumis à des centres d’intérêts très quotidiens…

Ch.

 

 

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