Sachez-le, hier soi j’ai failli commettre un meurtre. Le pire, c’est que je l’aurais fait avec beaucoup de délectation et un brin de sadisme. Bien sûr, je l’aurais regretté, je m’en serais mordu les doigts ( n’est pas Clochette qui veut ! ), mais ça m’aurait fait un bien fou. Hélas, je n’avais pas ma victime sous la main. Elle était de l’autre côté de l’océan… Oui, je le confesse, hier soir, j’aurais pu tuer Régis Loisel. Pour sûr, je suis ingrate car il a su pousser avec beaucoup d’élégance ma voiture lorsque j’étais en panne mais croyez-le, il l’aurait tout de même bien cherché.
Hier, j’étais donc chez Vents d’ouest. Avec Christian, le maquettiste, nous avons travaillé plus de trois heures sur la couverture, pour mettre en place sur la maquette le dessin au trait de la couv’ de « mains rouges », celui-là même que Régis nous a demandé d’utiliser. Il était 19h30. On l’envoie à Régis par mail, fiers de nous – surtout moi – et voilà qu’il nous dit que le dessin n’est pas génial et qu’il en a un bien mieux chez lui. Deux heures de boulot anéanties simplement parce qu’il a eu une meilleure idée ! La photo ne lui plaît pas non plus. Il en voudrait une autre mais le problème, c’est que c’est la mieux que je possède. Sur cette couv’, je le veux absolument avec son regard en coin, celui qui lui donne cet air si malicieux. C’est tellement lui ! Je dois dire que pour moi, celle que j’ai fonctionne très bien. Mais elle ne lui plaît pas. Le problème, c’est que le temps presse vraiment. Il m’a promis d’en faire tout spécialement d’ici deux semaines, quand il aura terminé son travail sur Magasin Général 2 qui lui prend tout son temps en ce moment. En réponse, de mon côté, je lui ai promis que s’il ne me donnait pas de meilleure photo, on prendrait la mienne ! Hey, je ne vais pas me laisser faire par un beau brun !!!!
Avec Christian, le maquettiste de la couv'.
Si si, on travaille dur ensemble ! |
Maquette en cours |
Je m’arrache également les cheveux sur l’iconographie. Certes j’ai 400 documents pour ce livre mais comme je l’ai expliqué à Régis, je me fiche de la quantité. Ce que je veux, c’est pouvoir y mettre de chouettes dessins. Un profil de Pan en crayonné, c’est sympa mais un dessin en pied d’une Clochette ou d’une sirène, même esquissée, ça a tout de même plus d’allure. Je sais que ces dessins existent, j’en ai vu quelques-uns sur les tirages de tête ou dans des expos, mais Régis est incapable de me dire où ils sont ! Alors il m’envoie vers untel, ou untel, qui me répond qu’il n’a rien… Dans un album, par exemple, il a dessiné toute une planche de Crochet accoudé au bastinguage avec ses deux mains. Sauf qu’à ce moment là de l’histoire, il n’en avait plus qu’une ! Il a donc photocopié cette planche telle quelle avant de la redessiner. Et quand je lui demande ce document, il me dit que c’est Blaise qui l’a, lequel me répond qu’il ne l’a pas ! Au secours !!!!!!! Sachez-le, si ce document figure dans mon livre, ça sera au prix de quelques poignées de mes cheveux !
C’est certain, un jour, je me vengerai.
Nathalie ( qui s’occupe du bouquin chez Vents d’ouest ) m’a annoncé hier que la maquette devait être terminée dans un mois. Le 1er août, la photogravure commence et il y a tellement de documents qu’ils en ont à peu près pour deux mois à nettoyer tous les crayonnés. Moi je trouve dommage de leur enlever leur jus. J’aimerais qu’ils restent tel quel. A voir.
Nathalie, qui s'occupe du suivi du livre
chez Vents d'ouest. C'est elle la chef. |
Jean-Yves e t moi,
en séance de travail |
J’ai rencontré Jean-Yves, le maquettiste chargé de la mise en page intérieure du livre. J’ai beaucoup aimé le fait qu’il soit à l’écoute de mes envies. J’ai le défaut, ou la qualité, de savoir très précisément ce que je veux sur certains points. Cela enlève tout un aspect créatif au maquettiste, contrebalancé, je pense, par le fait qu’il reste tout de même beaucoup de choses sur lesquelles je n’ai pas d’a priori. A lui de me séduire par ses propositions.
Comme je suis depuis 7 mois jours et nuits sur ce livre, j’ai eu le temps de me faire des idées sur le résultat et c’est vrai, pauvre Jean-Yves, que je ne sais pas toujours utiliser des formules et autres circonvolutions diplomates pour faire comprendre ce que je veux… Il paraît que je suis dirigiste. Bah, moi je préfère dire que je sais ce que je veux. Sachant cela, autant que possible, je fais les choses moi-mêmes. Mais ça n’est pas toujours possible, notamment en matière de mise en page. J’ai donc prévenu Jean-Yves de cet aspect-là de ma personne, en m’excusant à l’avance pour toutes les fois où je ne saurai pas prendre de gants avec lui ! D’un autre côté, cela devrait bien se passer car c’est justement parce qu’il était d’accord avec l’idée de se mettre entièrement à mon service qu’il travaille sur le livre. C’était ma condition. C’est d’ailleurs une des premières choses que j’ai annoncé à Dominique Burdot, il y a 18 mois, lorsque je lui ai parlé de mon projet. « Une seule condition : c’est MON livre et c’est moi qui décide ! » Evidemment, je ne décide pas de tout, mais autant que possible je le fais.
Et j’ai beaucoup de chance car je travaille dans des conditions de créations extra : Régis me fout plutôt la paix, il joue même carrément le jeu ; l’éditeur me laisse gérer ma barque comme je l’entends, et en plus, accrochez-vous bien : si je veux, ce livre peut faire jusqu’à 300 pages !! N’est-ce pas une magnifique nouvelle ?! Je travaille donc sans contrainte de pagination et ça, c’est vraiment énorme. Du coup, je peux me permettre plein de fantaisies. Le livre s’ouvrira donc sur la fameuse lettre que Loisel a écrite à son père il y a 30 ans ( un document magnifique dont je vous ai déjà parlé je crois ). Elle fait 6 pages ! Et il se terminera sur une double page en forme d’album photos de la réalisation du bouquin. Un petit making-off en somme. C’est sur cette page que figureront tous mes remerciements. C’est tout de même la moindre des choses.
Laquelle choisir ? |
Telle qu'elle est, elle me plaît,
elle me fait de l'effet, et je l'aiaiaimeuh ! |
Hier matin, j’ai écrit ma « dédicace », celle qui ira sur la page titre. Je ne vous l’a dit pas. Simplement, quand vous la lirez, elle vous paraîtra sans doute saugrenue. Pour moi, aussi curieuse soit-elle, elle s’impose. Elle résonne très fort en moi. Je ne dédie mon travail à personne de précis. Ni à mon chat, ni à mes galapiats, ni à mon homme, ni à Régis… Vous verrez.
Je ne suis pas toujours au plus haut de la confiance en moi mais j’ai appris une chose en travaillant aux côtés de Loisel : les idées qui me viennent sonnent naturellement juste pour peu que je sois à l’écoute de ce que j’ai en moi. Je suis forcément, comme tout le monde je crois, un être cohérent dans mes envies et la cohérence de mes idées est donc intrinsèque. La logique du livre naît de ma propre cohérence. Vous me suivez ? Donc, quand j’ai une idée, je ne me demande même pas si elle est bonne ou pas : je fonce, et je me fais plaisir !
Bon, c’est bien agréable de vous parler de moi ( bah oui… ) mais j’ai tout de même le chapitre avec Pierre Dubois à retranscrire. Bah oui.
A bientôt,
Ch.
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