Je viens de terminer vraiment le premier chapitre que je dois envoyer demain chez Vents d’Ouest pour que le maquettiste le mette en page. Et, voilà que j’ai déjà du mal à le « lâcher ». Si je m’écoutais, je le garderais encore quinze jours, juste histoire de remettre l’une ou l’autre virgule à sa bonne place, d’inverser deux ou trois phrases, d’enlever quatre ou cinq points d’exclamation… Là, je viens de faire des corrections qui me semblent importantes puisque j’ai reconsidéré toutes mes questions dans leur longueur afin qu’elles soient proportionnelles à la réponse. Ce n’est pas toujours possible mais après tout, c’est vrai que ça accélère un peu le rythme de lecture et que ce n’est pas plus mal. Pour le moment, le texte est dans la boîte mail de ma frangine qui doit me donner son avis d’ici demain. Elle est chargée de me dire si sa lecture est fluide et si je ne suis pas trop hors sujet.
J’ai également écrit le court texte d’introduction à ce premier chapitre. J’en avais déjà trouvé quelques formules hier soir et j’ai tenté tout à l’heure de les mettre sur papier. Autant écrire pour ce carnet de bord m’est facile, autant pour ce type de texte qui fait dix lignes, je suis incapable d’écrire d’un jet. Curieux, non ? Je suis restée bloquée 10 minutes après avoir écrit la première phrase. Que dire après ça ? Est-ce que cette phrase ne se suffit pas à elle-même ? Ca, je l’ai pensé juste parce que je ne savais pas quoi écrire ensuite et que j’essayais d’en faire le moins possible. Finalement, ça s’est débloqué tout seul et je suis plutôt satisfaite. J’ai comme une hésitation sur la dernière phrase : j’en ai trouvé deux versions qui me plaisent tout autant. J’ai téléphoné à ma sœur Sarah qui m’a dit préférer la seconde. Du coup, j’ai envoyé le texte en mail à une dizaine de personnes, et je choisirai la formule qui fait l’unanimité. C’est plus simple.
Ces derniers jours, je me suis rendu compte combien la période de turbulences que j’ai traversée avait faussé le dynamisme des entretiens. Comme j’avais l’impression de ne pas dévoiler assez le personnage, j’ajoutais plein de questions qui, au final, n’était rien d’autre que du bavardage, ou du remplissage. Du coup, j’en ai supprimé tout un tas et je suis même allée jusqu’à supprimer des parties du chapitre 1, trouvant qu’elles n’apportaient pas grand chose. Et ça, je le dois surtout à l’un d’entre vous, Alain Barat, qui m’a écrit en substance que je ne devais pas forcément chercher à tout montrer, que laisser une part de mystère à Loisel, c’était bien aussi. Il l’a dit de manière si juste, et si pertinente… Alors maintenant, quand je travaille, j’ai sans cesse en tête ses propos, qui rejoignent ceux de mon ami Gibrat quand il me disait que je ne pouvais pas faire un livre parfait.
En tout cas, je ne regrette pas les questions raccords que j’ai posées à Loisel par téléphone, pour compléter le premier chapitre. Au final, cette partie a doublé de volume mais il me semble qu’on y aborde des sujets importants. Et puis, curieusement, je me rends compte que nos entretiens par téléphone sont bien plus brillants que ceux réalisés en vrai. C’est sans doute du à l’absence de l’interlocuteur qui, du coup, nous force à nous centrer sur ses propos… Et puis, ayant reçu quelques hommages de lecteurs à l’attention du grand Maître ( il faut que je fasse attention à ce que je dis de lui car il lit mes textes !!!!), j’ai décidé d’en reproduire quelques uns dans mon ouvrage, en plus de ceux des dessinateurs confirmés. J’aime bien l’idée d’ouvrir les pages aux propos ou dessins de lecteurs anonymes. Cela confère au bouquin un esprit plus intimiste. On est entre nous et il n’y a pas de hiérarchie, chacun a sa place pour peu qu’il soit sincère.
Après tout, moi-même, je ne suis rien de plus qu’une lectrice qui a la chance de mieux Le connaître. Rien de plus.
Enfin, c’est comme ça que je le vois.
A bientôt,
Christelle